Traiter les plaies tumorales ou les lésions cutanées induites par la radiothérapie ou la chimiothérapie nécessite une prise en charge spécifique en fonction des caractéristiques de la plaie et de son évolution possible, mais aussi de l'état de santé général du patient.
Caractéristiques des plaies en cancérologie
Les plaies en cancérologie se classent en deux typologies. D'une part, les plaies tumorales, liées à l’extériorisation d’une tumeur, et d’autre part les plaies induites par un traitement anti-cancéreux mis en place. Connaître leurs caractéristiques spécifiques permet de choisir les soins et les pansements adaptés.
Les différents types de plaies tumorales
Les plaies tumorales sont des plaies chroniques liées à la présence d'une tumeur primitive ou d’une métastase cutanée ou lymphatique ulcérée à la peau, qui apparaît notamment dans le cadre d'un cancer du sein ou d'un mélanome.
Elles peuvent également être dues à la récidive cutanée et/ou lymphatique d’un cancer préalablement soigné (les nodules de perméation, c'est-à-dire la propagation des cellules cancéreuses le long des gros vaisseaux).
Quelle que soit leur cause, les plaies tumorales se classent en différents types.
- Les plaies tumorales superficielles, étendues et peu extériorisées.
- Les plaies tumorales extériorisées, qui ont une apparence hyperbourgeonante, nécrotique et/ou fibrineuse. Appelées familièrement plaies « en chou-fleur », en raison de leur aspect de petites boules agglutinées ou peu espacées.
- Les plaies tumorales cavitaires ou fistulisées, très profondes, qui peuvent creuser jusqu'aux os, et qui évoluent en fonction des traitements mis en œuvre et de leur efficacité.
Les plaies tumorales, au-delà de leur aspect inesthétique, sont douloureuses, souvent malodorantes, parfois purulentes et/ou sources de saignement. Elles peuvent être source d’isolement social chez le patient et de sentiment d’impuissance pour les équipes soignantes.
Les plaies induites par un traitement contre le cancer
- La radiothérapie peut provoquer des radiodermites ou épithélites de grades 1 à 4, allant de l'érythème léger ou de la peau sèche jusqu'à la nécrose cutanée ou l'ulcération du derme avec saignements spontanés.
- Les fluoropyrimidines peuvent entraîner une érythrodysesthésie palmo-plantaire (appelée familièrement le « syndrome main/pied »), c'est-à-dire une réaction inflammatoire due à la fragilisation des vaisseaux sanguins au niveau de la peau des mains et des pieds, qui peut se traduire par des crevasses et une desquamation rendant la marche ou la préhension difficile.
- Le bévacizumab n’induit pas de plaies mais altère le processus cicatriciel.
Bien qu'il ne s'agisse pas à proprement parler de plaies cancéreuses, puisqu'elles sont secondaires à un traitement anti-cancéreux, elles nécessitent néanmoins une prise en charge rapide pour réduire l'inconfort du patient et favoriser la cicatrisation.
La prise en charge des plaies tumorales
- Multidisciplinarité : coordination entre oncologue, diététicien(ne), médecin traitant, infirmier(e) et pharmacien(ne) de la patiente entre autres.
- Evaluation de la plaie : évolution, risque de saignement, douleur, qualification des exsudats, odeurs, etc.
- Définition d’un protocole de soin :
- Quel est l’objectif recherché : cicatrisation ou palliatif ?
- Nettoyage de la plaie à l’eau et au savon, douche si possible.
- Détersion de la plaie autorisée ? si oui comment ? pansement avec une action autolytique comme les pansements irrigo-absorbants par exemple ? détersion mécanique à l’aide d’une pince, d’une lame de bistouri ou d’une curette ?
- Choix du pansement et fréquence de renouvellement en fonction des objectifs de soins définis préalablement.
Cette prise en charge globale ayant pour objectif final d’améliorer la qualité de vie du patient et/ou de son entourage.
Les pansements pour les plaies en cancérologie
Le choix du pansement se fait bien entendu en fonction du type de plaies, mais ce choix doit aussi prendre en considération le confort du patient, le risque de saignement et la fréquence souhaitée du renouvellement du pansement. Les exemples qui suivent ne sont que des exemples généraux, qui ne pourraient s'appliquer à chaque patient.
- Pour une lésion radio-induite de grade 1 ou 2, un pansement hydrogel en plaque favorisant l'hydratation et la protection des plaies peu exsudatives est en général utilisé.
- Pour une plaie tumorale extériorisée, la plupart du temps exsudative, il est souvent recommandé d'appliquer un pansement très absorbant qui empêche les fuites, n'adhère pas à la plaie tout en favorisant les échanges gazeux.
- Pour une plaie tumorale cavitaire ou fistulisée, il peut être nécessaire de superposer plusieurs types de pansements, pour absorber les exsudats, mécher la plaie et limiter la propagation des odeurs.
Réf : s131020215